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Ethnomédecine
Cours 5
« Cours d’ethnomédecine de Christian Busser, docteur en pharmacie et en ethnologie (référence : LICENCE 3 Semestre 5 Parcours Ethnologie UFR SSPSD / SO20EM41 Ethnomédecine ) de 12heures les mercredi de 16 à 19 h à partir du 21 janvier 2015 » ouvert au public
Cours 5
E. Médecine populaire en Europe : pratiques actuelles
1. Les thérapeutes traditionnels : rebouteux, herboristes, sorciers, magnétiseurs, guérisseurs par le secret…
2. Remèdes tirés des trois règnes
3. Influence des religions européennes, et des religiosités sur la thérapeutique populaire
4. Les thérapies manuelles (chiropraxie, ostéopathie, massages divers)
5. Les nouvelles thérapies : à base de plantes, les traitements du psychisme, dérivés de l’homéopathie, autres médecines alternatives reliées à l’invisible ou à des données ésotériques ( acupuncture, kinésiologie, médecines des chakras…), risques de dérives.
6. La réception des médecines alternatives en France, dans la Communauté européenne, dans les pays latins et germanophones. Evolution politique, des mentalités, des règlementations.
ch1:
thèse de christian Busser: CH6.5 et 6.6.1
DIDELOT C.(1978), Médecine et société ; la question des guérisseurs vosgiens, thèse de médecine, Université de Nancy
DIDELOT C.(1979), Dans le secret des guérisseurs vosgiens, édition serpenoise, Metz
ch2 :
BUSSER Christian et Elisabeth (2005) Les plantes des Vosges. Médecine et traditions populaires. Avec un guide de découverte et d'emploi de 200 plantes médicinales, Strasbourg, La nuée bleue / DNA , 347 p.
Liste des thèses en médecine, voir thèse de Christian Busser: Ch1.3
voir bibliographie sous plantes dans l'accueil de ce site
Les monographies de plantes
Les questions à poser et à se poser
Exemple : Bouleau, nom français courant de la plante
Betula pendula Roth. ou pubescens Ehrh. Betulaceae : Dénomination internationale en latin : Nom de genre de la plante (Betula ; il existe plusieurs plantes portant ce nom), puis nom d’espèce (il est unique, ici pendula ou pubescens) ; les lettres qui suivent sont les initiales du premier botaniste à avoir décrit la plante à partir de Linné (L. signifie Linné); si un second botaniste a donné à la plante un autre nom de genre, le nom du premier botaniste est entre parenthèses ; nom de la famille: les Bétulacées sont la famille des bouleaux.
Botanique : brève description de certains caractères botaniques de la plante.
Historique : principaux repères de ses usages dans le temps.
Linguistique : noms vernaculaires, c’est-
Usages populaires : donnés par des habitants du Massif Vosgien en Alsace ou dans le département des Vosges ; nombreuses citations originales.
Utilisations citées dans la bibliographie et commentaires : l’opinion de la science actuelle sur les propriétés annoncées par les traditions anciennes, avec commentaires des auteurs.
Récolte : quand, comment et quelle partie récolter.
Mode d’emploi : TOUJOURS PRECISER LA PARTIE DE PLANTE UTILISEE ( = la drogue) et sous quelle forme ( tisane, pommade), et avec quel mode de préparation ; pour quelle indication ; quelles sont les propriétés reconnues, dans quelles indications thérapeutiques…
Précaution d’emploi : sont elles connues, citées…les risques éventuels, toxicité, contre-
Ch3:
voir texte extrait de la thèse de Christian Busser en fin de cours (lire plus bas)
FLEURY L. (2001), Max Weber, p.83, Que sais je éditions PUF
WEBER M. (1971), Economie et société (TI, 2ème partie), Paris, Plon
Ce sociologue a beaucoup travaillé sur les Idealtypen ( maladroitement traduits par idéal-
Ch4 Les thérapies manuelles:
nombreuses informations sur ces thérapies anciennes et nouvelles:
le site suivant en donne une liste non exhaustive:
http://www.osteopathie-
Ch5 les nouvelles thérapies:
les nouvelles thérapiesà base de plnates:
phytothérapie, homéopathie, aromathérapie, les différences
Demain... des médecines enfin complémentaires ? Le fil rouge des nouvelles thérapies
Entretien avec Jean Vernette (éclésiastique français chargé de ce domaine pour la conférence des évêques, propos recueillis par Nicole Jeanson):http://www.nouvellescles.com/dossier/Med_Comp/Vernette.htm
étude critique de l'article de Wikipédia sur les médecines non conventionnelles:différents termes utilisés
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9decine_non-
risques de dérives: les sectes
http://fr.wikipedia.org/wiki/Secte#Critique_des_sectes_par_des_m.C3.A9dias_et_des_associations
http://fr.wikipedia.org/wiki/Miviludes ( mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).
Ch6:
entretien avec Isabelle Robart: Médecines complémentaires : une stratégie pour l’Europe ! http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=138
http://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_parlementaire_sur_les_sectes_en_France
Débat d'orientation concernant la réglementation de certaines formes de médecines complémentaires ou non conventionnelles, chambre des députés du Luxembourg, 20 janvier 2004:
http://www.chd.lu/docs/pdf/RapportMedecinescompl.pdf
INFLUENCE DE LA RELIGIOSITE POPULAIRE SUR LA THERAPEUTIQUE POPULAIRE dans le Val d'Orbey par Christian Busser (extrait de thèse):
Le but de ce chapitre est d’analyser succinctement les types de religiosité populaire vivaces dans le Val d’Orbey. Il s’agit là d’effectuer un modeste repérage pour mieux appréhender leur influence sur l’environnement teinté de religiosités de la médecine populaire.
Je me suis inspiré pour cela du travail de José Maria Tavares de Andrade[1], anthropologue brésilien, qui a étudié la religiosité populaire au Brésil, essentiellement sur la base des œuvres de Max Weber. J’apprécie ce penseur, contemporain de l’époque étudiée pour son absence de dogmatisme, sa pensée en mouvement permanent.
Bourdieu parle de l’existence d’une religiosité dominante,( liée ici à la religion catholique), et d’une religiosité dominée, mais insiste de Andrade, « son analyse procède du point de vue du dominant ». De plus Bourdieu niait la possibilité d’une originalité culturelle dans les couches paysannes[2].
Partant du travail de Max Weber[3], qui distingue trois types d’autorité dans le domaine religieux, j’ai souhaité en voir l’évolution dans le temps ( diachronie) et le jeu d’influences réciproques ( synchronie) :
1) le premier type d’autorité est le « rationnel », incarné par le prêtre selon Weber, ici le prêtre catholique (ou parfois les moines de l’abbaye de Pairis, relayés après la Révolution Française par les Capucins de Sigolsheim), représentant une religion institutionnalisée et rationalisée selon le sociologue, et dont la fonction est ici de guider le peuple vers le salut offert par Dieu.
2) Le traditionnel ou le sorcier, qui est l’autorité religieuse s’exerçant auprès d’une clientèle reconnaissant le savoir-
3) Le charismatique ou prophète qui tente de substituer aux autorités existantes un nouveau pouvoir. Celui-
Le propos de Bourdieu mérite d’être nuancé pour le moins, en tous cas dans le cas du Val d’Orbey, car,
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Je pense enfin que des formes partiellement autonomes ( de telles formes sont typiques de la religiosité populaire) fondées sur des éléments d’origine chrétienne tels que les croyances dans les « meyneynki » ont pu se développer.
Or que constate-
A l’époque des grands procès du XVIIème siècle, disparaissent les derniers sorciers et sorcières au pouvoir ambigu : herboristes et spécialistes des éléments naturels aux propriétés médicinales, et héritiers des connaissances magiques des religions précédant le christianisme ; ils savaient traiter certaines maladies, comme le montrent tous les procès en sorcellerie ( bronchites, infections par certains parasites….), mais aussi empoisonner sur demande ( connaissant les secrets des principales plantes toxiques : belladone, datura, jusquiame, cigüe…) : se débarrasser d’un voisin ou seulement rendre ses champs stériles. Ils étaient à la fois influents, recherchés et craints.
Au milieu du XIXème siècle, coexistent sur le plan de la religiosité :
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o existence des limbes, et indirectement des « meyneynki » ;
o caractère indispensable de l’extrême onction ;
o importance des prières témoignant de l’ordre de la création par Dieu pour favoriser les bonnes récoltes ( présente dans les chants grégoriens, les fêtes de certains saints, les rogations : Cérémonie qui se déroule pendant les trois jours qui précèdent l’Ascension et qui a pour but d’attirer la bénédiction divine sur les récoltes et les animaux…).
Néanmoins les prêtres se démarquaient nettement des pratiques magiques, témoin cette remarque du curé Heckel, de Fréland, qui dans son rapport de visite pastorale[4] de l’an 1929 écrit : « Le curé ne manque aucune occasion pour pousser à la communion fréquente. Ici il reste beaucoup à faire. Aux rogations, point d’abus. L’assistance est médiocre. »
Précisons aussi que la Réforme protestante n’a jamais pénétré ce canton et s’est arrêtée à ses portes : le village d’Aubure au nord est partagé à la fois entre welches et dialectophones et entre catholiques et protestants ; au sud la vallée de Munster est à dominante protestante. Il est évident que cette étanchéité sur le plan religieux a favorisé une continuité dans les croyances. Continuité à peine rompue par la Révolution Française. La période révolutionnaire fut marquée par le départ des derniers moines en 1791, puis par la démolition physique de l’abbaye de Pairis ( dont les derniers propriétaires étaient assimilés à des moines-
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Au milieu du XIXème siècle , il existe discrètement à l’état radicalisé, exclusivement dans sa fonction négative, celle de porter le malheur par l’empoisonnement et l’ensorcellement ( contrainte d’êtres maléfiques par des moyens magiques) comme en témoigne le vocabulaire correspondant en patois.
Sur le plan éthique, je remarquerai la dérive observée après les procès de sorcellerie sur la personnalité des sorciers. Dans le schéma traditionnel en effet, le magicien est le gérant des forces surnaturelles, à l’œuvre dans la création : il est un peu à l’image de la perception de « Dieu le père » dans les cultures paysannes : il aurait créé le bien comme le mal et occasionnellement il peut faire appel au malin ( voir légende de la création de Labaroche où Dieu met Lucifer à contribution, avant l’intervention de Saint Michel). Le côté ambigu du sorcier ne choque pas, d’autant plus que les plantes sont classées en bénéfiques ou maléfiques, voire poisons…
Les procès de sorcellerie ont donc abaissé les sorciers sur le plan éthique, en les amenant exclusivement du côté du « mauvais ».
Pour s’opposer au sorcier, le paysan fera appel aux prêtres ou aux moines qui effectueront un exorcisme contre le diable intervenu dans l’ensorcellement.
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La coexistence synchronique de ces trois pouvoirs a favorisé l’émergence de croyances partiellement autonomes dans le pays welche : certaines se retrouvent dans d’autres zones de peuplement francophone en Alsace, mais elles ont pris une certaine coloration typique du pays welche :
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Croyance aussi dans le vitalisme appliqué aux êtres vivants et surtout à l’homme ( affirmation de la présence d’autres corps ou fonctions dites énergétiques, magnétiques, éthériques…aujourd’hui).
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o L’exemple des « meyneynki » en est typique : fusion de fantômes parfois emmenés par le diable[6] avec la notion de limbes, lieu de séjour intermédiaire ( ni lieu de damnation, ni lieur de bonheur éternel) des enfants morts avant d’être baptisés : voir le chapitre correspondant ;
o Culte des saints fusionnés avec des croyances anciens.
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o L’œuf du vendredi saint ;
o Les prières et conjurations magiques , mais habillées de prières de type catholique, avec invocation d’anges… ;
o Protection des rameaux contre la foudre…
Après 1950 et jusqu’à nos jours, les trois pouvoirs coexistent toujours, mais on note une raréfaction des sorciers, un déplacement des guérisseurs Outre-
En résumé, sur le plan de la médecine populaire, en 2003, nous assistons à une synchronisation de ces trois formes de religiosité dans le sens suivant et à un « désenchantement » du monde ( Entzauberung des Welt ), bien annoncé par Max Weber. Le désenchantement vient de l’épuisement du pouvoir que possédaient jadis les religions de déterminer de manière significative les pratiques sociales et de donner sens à notre expérience globale du monde :[7]
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C’est surtout ce dernier point qui nous intéresse, dans le cadre de notre thèse, car la présence de ce « prophète » ou « charismatique » devenu guérisseur, montre que les habitants du val lui font massivement confiance,
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Je constate aussi que de plus en plus de patients choisiront :
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